Mes compétences d’Entrepreneure autour d’un projet de Musée participatif

En 2019-2020, pour acter ma première reconversion professionnelle, j’ai suivi l’excellente formation CREOPSSe de la SCIC KEJAL et étudier la faisabilité d’un projet de musée participatif sur le territoire Nord Ille-et-Vilaine.

Un musée participatif pour projet conducteur

Ce que j’ai apprécié avec ce travail, ce sont les allers-retours entre chaque partie. Concevoir un projet d’entreprise (même et surtout dans l’ESS) demande à avoir une vue d’ensemble, élargie et avec des objectifs à tiroir. Ce sont des projets souvent ambitieux plus humainement que financièrement. Ci-dessous une représentation d’une SCIC société coopérative d’intérêt collectif, montrant les liens entre chaque partie prenante.

Les compétences acquises pendant la formation-action CREOPSSe

Syndrôme de la bonne élève oblige, je me suis donnée à fond pendant cette formation jusqu’au bout, en pleine période Covid. Ce qui m’a aussi permis de vraiment tester motivation et organisation en télétravail et outils collaboratifs à distance.

Voici la liste des compétences acquises avec mention Très Bien.

Compétences transversales : communiquer oralement sur son projet

  • Verbalisation du projet : aisance, clarté, impact sur l’auditoire
  • Pertinence des supports visuels : valeur ajoutée, qualité, utilisation
  • Maîtrise des échanges : gestion du dialogue, réponses aux questions, apport de la soutenance par rapport au dossier

Hard skills pour piloter et conduire le projet d’entreprise

  • Explicitation claire et argumentée des motivations, futures fonctions envisagées, compétences-métiers pour développer le projet, compétences entrepreneuriales, besoins en formation
  • Collecte et traitement des données
  • Posture de pilote et outils méthodologiques
  • Maîtrise des supports informatiques : traitement de texte, diaporama, tableur
  • Rédaction de synthèse

Représenter l’éthique de l’entreprise, son concept, ses finalités et valeurs

  • Explicitation claire du concept du projet, des constats sociétaux qui motivent l’engagement et l’utilité sociale de l’entreprise,
  • Argumentation des principes fondateurs, du rôle de la charte dans le projet, des chartes de références commentées et réseaux repérés,
  • Présentation de la démarche d’économie solidaire et de développement durable

Ici, deux points à améliorer étaient proposés : confronter mes conceptions éthiques au territoire et développer mon réseau. Chose faite avec les entretiens semi-directifs menés à la suite de la formation et l’implication dans l’association De l’Art dans les Epinards (Trévérien 35).

Compétences acquises pour ancrer l’entreprise dans le territoire et le développement local

  • Sélection et présentation d’une cartographie du territoire local de référence
  • Analyse des problématiques et ressources du territoire (sociales, culturelles, environnementales)
  • Sélection des partenairats envisagés et modalités de ces partenariats
  • Choix d’implication de l’entreprise dans la vie locale
  • Conduite d’une démarche d’investigation de type ethnosociologique (entretiens semi-directifs préparés)

Compétences acquises pour analyser un marché, concevoir l’offre de services et ses différentes déclinaisons

  • Présentation synthétique et détaillée de l’offre de services (description qualitative, tarif, bénéficiaires et clients, contraintes réglementaires)
  • Présentation des filières dans lesquelles s’inscrit l’offre de services proposée (PESTEL)
  • Etude de marché (données collectées, analyse SWOT)
  • Programmation de l’offre et plan de développement commercial
  • Stratégie marketing
  • Plan de communication et supports publicitaires

Hard skills pour organiser et gérer l’entreprise

Volet Finances :

  • Réalisation et analyse commentée du plan de financement initial, du compte de résultat prévisionnel, du plan de trésorerie (points forts et points faibles)
  • Précisions concernant les modalités de calcul des chiffres-clés du budget général
  • Eléments caractéristiques de chaque activité : chiffre d’affaire, charges variables

Volet Organisation du travail :

  • Orientations du management
  • Organigramme de l’organisation du travail, principaux postes (fonctions, tâches, contrats)
  • Plan de gestion prévisionnelle des emplois et compétences au regard des évolutions prévisibles
  • Indicateurs de bien-être au travail et principales dispositions envisagées

Compétences acquises pour assumer la responsabilité juridique de l’entreprise et animer sa gouvernance

  • Scénario de la forme juridique envisagée pour le démarrage (caractéristiques, fiscalité, instances, responsabilités des dirigeant.e.s, statuts) et argumentation du choix
  • Etapes vers la création, démarches et formalités à suivre
  • Le projet implique un collectif : description de la gouvernance (instances, calendrier des réunions, objets à évoquer, supports d’animation à créer)

La presse en parlait, j’en ai les joues rouges !

Ouest-France Dinan (Côtes d’Armor)

Article du 21 janvier 2021 lançant l’appel à participation de ce projet fondamentalement coopératif. Les retours ont été juste incroyables : des liens se tissent, au profit de la dynamique de territoire. Motivant ! Merci beaucoup Clémentine Mercier – Ouest-France Dinan, pour le coup de pouce !


KATELL Mag (Côtes d’Armor)

La rédaction du magazine KATELL a consacré un article dans le n°33 Automne 2020. Cette interview à distance a été réalisée en visio, en août 2020, à la suite de ma certification « Entrepreneur.e de l’économie solidaire ». Répondre avec enthousiasme dans une période de doutes liés au secteur de la Culture post-confinement a été un challenge pour moi.


Pôle ESS de Dinan (Côtes d’Armor)

Dans sa newsletter du mois d’avril 2021, le pôle ESS de Dinan ESS’P’Rance nous a offert un espace de présentation. Les interviews, c’est jamais vraiment facile !

L’article est issu de mon accompagnement à l’incubateur TAg22.



E.M.I.I. Espace de loisirs pour grands enfants curieux d'Histoire(s)


Quand Delphine Guglielmini a suivi sa formation CREOPSS en 2019-20, elle a étudié ce projet qui lui tenait à cœur : un musée alternatif, vivant, participatif. E.M.I.I., c’est donc un Espace Muséal Immersif & Inspirant.

Un musée participatif (dans le sens où la parole des habitant.e.s et touristes est centrale), c’est un parcours de scénographies sur l’histoire locale, un cabinet de curiosités mettant en valeur des personnalités locales ou des actions collectives, une boutique de produits dérivés culturels et des ateliers de pratique artistique et créative, avec de l’événementiel pour dynamiser le futur lieu.
Avant de voir sortir de terre un tel musée collaboratif, il convient de construire d’abord une dynamique et de fédérer des personnes volontaires, physiques et morales (particuliers, artisans, entreprises, collectivités) autour d’un « épicentre » culturel et touristique commun, en territoire rural ou rétro-littoral. L’objectif est d’abord de construire les fondations d’une société coopérative avant de rechercher une adresse précise, car un bâtiment, c’est une charge.

A la suite du CREOPSS, intégrer l’Incubateur TAg22 était une évidence pour Delphine. Elle nous raconte son projet et ce que lui a apporté l’Incubateur.

► Raconte-nous, d’où t’est venue cette idée de projet ?

Je suis architecte de formation, spécialisée en patrimoine, avec en parallèle, un goût prononcé pour les pratiques artistiques collectives. Je me suis également intéressée à la vie politique locale en étant élue conseillère municipale de ma commune d’adoption en 2008-2014. Aujourd’hui, tout en portant ce projet entrepreneurial, je fais partie de l’équipe de la SCIC KEJAL, du conseil de développement du pays de Saint-Malo (CODESEN) et suis en charge de la diffusion pour des artistes d’ici.

En suivant des chantiers de restauration, en assistant à des visites patrimoine où il n’y avait que des retraité.e.s, en constatant pourtant l’intérêt pour l’Histoire avec le développement des fêtes médiévales et autres reconstitutions même dans des séries à succès, je me suis interrogée : « Comment dépoussiérer notre vision du patrimoine, pour en extraire toutes les richesses utiles pour aujourd’hui et demain ? Les gens d’hier aimaient rire et vivre comme nous ; Comme nous, ils ont eu le souci de transmettre le meilleur d’eux-mêmes, non ? » De fil en aiguille, la question s’est transformée en : « Et si on créait un musée participatif entre Rennes, Saint-Malo et Dinan, on y mettrait quoi ? »

► Pourquoi as-tu intégré l’Incubateur du TAg22 et qu’est-ce que ça t’a apporté ?

Lors de la soutenance orale de la certification « Entrepreneur.e de l’économie solidaire et du développement durable » en juin 2020, je voyais bien les actions qu’il me restait à faire, les recherches à compléter : j’avais besoin d’explorer encore davantage ce projet muséal alternatif. Mais surtout, la crise 2020-21 a complètement rabattu les cartes : ce sera quoi, la culture, le patrimoine, le tourisme de demain ?! Soit je passais à autre chose dans ma vie professionnelle, soit j’allais au bout de ce que j’avais commencé à esquisser. 

L’incubateur m’a donné la discipline de poursuivre mes recherches, m’a permis de rencontrer des élu.e.s, des chargé.e.s de mission, des expert.e.s que je n’aurais pas osé rencontrer de moi-même, seule. La force d’Adrien Arnaud est de garder un œil sur l’avancement du projet, d’avoir un regard extérieur à la fois bienveillant et stimulant. Et toujours avec calme. Et puis, il y a cette énergie du groupe aussi : on arrive chacun.e avec des projets qui ont du sens pour ce territoire. C’est hyper-inspirant.

Mais tout n’est pas rose, soyons clair.e.s : il n’y a pas de financement quand on est porteur.se de projet à ce stade d’avancement. La pression financière sur le quotidien est bien réelle. Les financeurs et les politiques cherchent de « l’innovation sociale » dans tous les domaines, sans se soucier de celles et ceux qui osent le premier pas. Sans forme juridique, on n’est rien ! Personnellement, j’ai failli tout lâcher plus d’une fois. L’autre point noir lié à la situation sanitaire cette fois, est l’étalement du calendrier et la difficulté de rencontrer des personnes en vrai. On a beau dire : le distanciel n’assure pas la même qualité de relationnel que lorsqu’on partage un thé ou un café.

► Où en es-tu dans ton projet ?

Aujourd’hui, malgré la crise sanitaire, culturelle, politique, des subventions publiques, nous sommes 5 jeunes femmes de 18 à 41 ans, portées par ce projet un peu fou. Je ne suis plus seule et ça fait énormément de bien de partager nos points de vue et pratiques, même si la machine n’avance pas aussi vite que je le souhaite. Jeunes et avec un emploi en parallèle aussi, car la situation le nécessite. Donc, nous prenons le temps de nous connaître et de mieux connaître notre environnement et les habitant.e.s qui font ce territoire des Pays de Dinan et de Saint-Malo.

Ma force (Delphine) est d’être formée en entrepreneuriat de l’économie sociale et solidaire et du développement durable, et issue de l’architecture du patrimoine. Celle de Lucile est de connaître les besoins de l’Éducation nationale en terme de pédagogie, ludique notamment. Celle de Maïté est de travailler avec des partenaires culturels et d’assurer une gestion associative et événementielle. La force d’Emanuela est d’avoir un regard pointu de doctorante et d’italienne sur ce projet. Enfin, Bethsabée notre benjamine, a la culture et les mots intransigeants des jeunes sur des actions « patrimoine » habituellement créées par et pour des retraité.e.s. Par ailleurs, chacune a déjà eu l’expérience de travailler avec des municipalités. Notre projet associatif s’inscrit dans les champs de l’éducation au patrimoine, du tourisme rural et des loisirs créatifs éco-responsables. Le fait qu’il puisse être une réponse aux problématiques interculturelles du monde d’aujourd’hui nous motive vraiment.
Nous en sommes à la finalisation de l’écriture de nos statuts associatifs : il s’agit d’une association de préfiguration de SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) qui se nommera probablement JOIE DE VIVRE ICI.

► As-tu un appel à lancer, une demande particulière, quelque chose de spécial à dire ?

Créer une SCIC n’est pas simple et demande du temps, mais surtout de l’implication bénévole. Il s’agit de concevoir et de tisser de nouveaux échanges économiques durables, de mettre en place des partenariats solides. Dans des filières Patrimoine, Culture, Loisirs, Tourisme en fragilité économique qui plus est. Aujourd’hui, nous sommes aux prémices (aux pr-EMii-ces comme j’aime l’écrire) du réseau de partenaires. Idéalement, un comité de pilotage de 6-8 professionnel.le.s est à constituer, puis une douzaine de réunions de travail collectif est à préparer, coordonner, animer, synthétiser. Je travaille cette méthodologie d’animation de réseau.

En parallèle, nous avons envie d’utiliser la première association JOIE DE VIVRE ICI pour gagner en visibilité à travers des actions de médiation culturelle courant 2021-22, pour nous tester aussi. Je lance donc un appel à tou.te.s : faisons en sorte que cette situation sanitaire s’arrête et que la dynamique culturelle reprenne ! De manière plus concrète, je demande à ce que les personnes qui seront contactées par nos soins se montrent ouvertes à ce projet coopératif. Et si certaines lectrices ou lecteurs se sentent motivé.e.s pour s’impliquer dans notre démarche, welcome !
Enfin, pour les futur.e.s incubé.e.s du TAg22 : montrez-vous persévérant.e.s et jouez en collectif. Même moi, j’aime ça maintenant !


Aujourd’hui, l’association Loi 1901 de préfiguration de la SCIC d’acteurs et actrices du patrimoine Pays de Dinan et de Saint-Malo reste à ce jour un projet tout comme le Musée participatif étudié. Peut-être à l’heure de ma retraite…